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Le Slowpreneuriat : une quête de sens professionnel

Le Slowpreneuriat interpelle de plus en plus ceux qui ne se retrouvent plus dans les modèles de travail classique qui nous déshumanisent. Salariat et entrepreneuriat ne séduisent plus et sont remis en questions par la généralisation du burn out, l’éco-anxiété grandissante et le besoin justice climatique et sociale.

Les jeunes générations s’interrogent.

C’est le cas de Charlotte Jourdes, étudiante à Science Po Toulouse. Après 5 ans d’études, elle est en quête de sens.  Charlotte a choisi de consacrer son sujet de mémoire de fin d’étude au Slowpreneuriat : un bon prétexte, à la fois pour s’aiguiller dans sa propre quête de sens professionnel er lui permettre d’appréhender les différentes réalités derrière ce concept « encore assez méconnu ».

Ravie de voir que le concept séduit les jeunes générations, j’ai accepté de lui accorder l’interview dont elle besoin pour son mémoire et partager ma vision, mon expérience et répondre à ses interrogations sur le slowpreneuriat. 

Afin que ce contenu profite au plus grand nombre, j’ai décidé de la publier ici.

Si comme Charlotte, :

  • tu ne te se retrouves pas dans la plupart les modèles de travail « classique » 
  • tu es en quête de sens professionnel, 
  • tu souhaites mieux appréhender la réalité du concept émergent de slowpreneuriat,

je t’invite à découvrir mon histoire et ma vision au fil des questions proposées par Charlotte.

Peux-tu te présenter Emilie ?

Oui, merci ! Je suis Emilie Grau, j’ai 41 ans et je suis multi-entrepreneure et artiste textile et céramique, engagée pour la protection de l’eau, la biodiversité et la transition vers une économie régénérative.

J’ai porté plusieurs projets d’entreprises éco-engagées, dont Polutos (2009) et Petit Laki (2011) – deux marques enfantines Black Mama (2017) –  une maison d’hôte dédiée à la Slow Life et à la Digital Detox  –  et géré une agence web pour accompagner le déploiement digital des Change Makers et Coach holistiques pendant 9 ans.

Je suis également l’initiatrice du concept de slowpreneuriat en France (2017). Au sein de Slowpreneurs.com, j’inspire et réunis une communauté de slowpreneur·es et facilite des espaces d’exploration et d’incarnation du Slowpreneuriat (coaching, mastermind, ateliers…).

J’accompagne aujourd’hui les entrepreneur.es qui ont le plus besoin de sens : les HPI, Multi-potentiels et Hypersensibles à embrasser le Slowpreneuriat pour libérer leur puissance personnelle, déployer des business régénérateurs pour eux et le collectif et s’engager pour le Vivant.

Pourquoi avoir choisi de te lancer dans l’entrepreneuriat ?

J’aime travailler et j’ai de l’énergie pour ça (Mon type en Human Design est Générateur), mais seulement si je fais un métier qui me passionne. En entreprise, ce que tu fais est rarement aussi attractif que ce que ne laisse présager la fiche de poste et tu ne maitrises pas ton éco-système de travail (hierachie, collègues, clients, fournisseurs…).

Dans les années 2000, quand j’ai commencé ma carrière, Internet était à sa phase préhistorique et le télé-travail n’existait pas. Pour pouvoir rester vivre près de la mer à Nice où j’avais fais mes études, j’ai dû faire des concessions et renoncer aux missions marketing (réservées à l’époque à une vie parisienne) pour faire du commercial. Au bout de 5 ans sur la route, deux accidents de voiture et un patron trop ancré dans une attitude patriarcale pour moi, j’ai décidé de démissionner.

Comme je suis ultra-créative, j’ai commencé à fabriquer des art dolls, puis à les vendre sur le net. Puis d’artiste, je suis passée à entrepreneure en faisant produire d’autres créations en petites séries. Avec le développement d’internet dans les années 2010, j’ai investi l’espace du digital et j’ai changé d’activité.

Pour toi, un travail qui a du sens, c’est quoi ?

Auxquels de tes besoins un travail qui aurait du sens répondrait-il ?

En tant que neuro-atypique (hypersensible) j’ai besoin de travailler dans un cadre systémique. J’ai un fort besoin de sens, de liberté et d’expression de ma créativité débordante et de contribution

Pour moi, dans la période de transition que nous vivons, les entrepreneur·es sont des acteurs clé du changement. Je ne crois pas que ce soit par la technologie ni par la politique que nous sauverons l’humanité, mais pas une évolution des consciences et une transition vers l’économie régénérative, qui place le bien-être individuel, collectif et planétaire au-dessus du profit.

Je souhaite contribuer activement à la création d’un monde à nouveau fertile et à l’émergence d’un nouveau rôle pour l’Humanité : celui d’Artisan·nes du Vivant.

Qu’est-ce qui compte pour toi dans ta façon de pratiquer l’entrepreneuriat ?

Dans mon slowpreneuriat et celui que je transmets à mes clients, j’essaye de cultiver 3 dynamiques complémentaires essentielles à mes yeux pour vivre une belle vie 

  • L’alignement à qui je suis et à mes valeurs

Personnellement, j’ai à la fois besoin de l’hédonisme et de la joie de vivre à l’italienne et de la sérénité et du minimalisme à la japonaise. Ce mixe de vie est possible pour moi en vivant hors de la ville, au calme proche de la nature, tout en restant connectée avec une communauté (d’où l’existence prochaine du réseau Mycélium).

Ce qui compte dans ma vie, comme dans mon entreprise, c’est la créativité, la vitalité, la sincérité et la joie.

  • La prospérité pour financer le mode de vie auquel j’aspire.

Mon luxe à moi c’est : faire mes courses à Biocoop, prendre soin de mon système nerveux (avec du Plasma de Quinton, du Magnésium marin et du Cacao cru), vivre hors de l’agitation de la ville, être propriétaire de mon lieu de vie et pouvoir m’offrir des livres et quelques objets de qualité et durable et des retraites/accompagnements holistiques et éco-spirituels.

  • La contribution à une cause à dimension collective et planétaire.

Personnellement je reverse 5% de mon CA à un projet de bio-rémédiation de l’eau via les Microorganismes Efficaces (EM®), car pour moi c’est une ressource à protéger d’urgence.

Quelles sont tes priorités dans ton travail ?

Mes priorités sont :

  • respirer (je suis le CEO, Chef En Oxygénation de mon Business)
  • jouer (j’ai tendance à être trop sérieuse pour mon âme d’enfant)
  • prendre soin de mon système nerveux
  • me protéger des EMF (ondes éléctro-magnétiques) en réduisant mon temps d’écran
  • collaborer / co-créer avec mes clients et d’autres slowpreneur·es

Dirais-tu que ton activité d’entrepreneur·e est différente de l’image courante qu'on peut avoir de l'entrepreneur.e dans la société ?

Existe-t-il des différences entre ta pratique entrepreneuriale et la pratique d’un·e entrepreneur·e plus classique ?

Absolument !  Je suis totalement hors cadre, car je ne pense pas que l’on puisse continuer le business as usual basé sur une vision mécaniste, patriarcale et anthropocentrique du monde.

Comme les eco-féministes, je pense que l’industrialisation et le capitalisme sont les causes du stress humain et planétaire que nous subissons aujourd’hui.

Depuis que l’Eglise à fait la chasse aux femmes et aux sorcières au 15e siècle, nous sommes déconnectés du vivant, de nous-même et de l’intelligence invisible et cosmo-tellurique du monde. Nous avons beaucoup à ré-apprendre de la nature, des pratiques chamaniques et des peuples premiers qui ont conservé ce contact.

Personnellement, je considère mon entreprise comme une entité énergétique à part entière, avec laquelle je collabore pour exprimer ùa contribution unique et répondre à ma question de vie : comment rendre à l’humanité son rôle sacré et fertile d’artisan du vivant?

Si tu devais donner une définition du slowpreneuriat, pour toi ce serait quoi ?

Etant initiatrice du terme en France, je suis passée par plein de définitions, parce qu’il n’en existait aucune ! 

Ma vision a évoluée depuis 2017. Pour moi aujourd’hui, le slowpreneuriat c’est oeuvrer pour un monde fertile, un monde qui respecte et célèbre le vivant. Il ne s’agit pas seulement de ralentir, il s’agit de privilégier le vivant, que ce soit dans la Slow Food, la Slow Cosmetic, le Slow Tourisme, le Slow Freelancing…

Je dirais donc que Slowpreneuriat est workstyle humaniste,  régenératif et contributif. Une démarche de croissance personnelle et collective, qui implique de te relier d’une manière plus intégrale et holistique à ton entreprise pour participer à un changement régénérateur et épanouissant pour toi, le collectif et la planète.

C’est donc une version ambitieuse, engagée et consciente de l’entrepreneuriat, qui permet d’incarner une éco-spiritualité au quotidien. De vivre sa vie, d’oeuvrer et contribuer à quelque chose de plus grand que soit, au lieu de considérer qu’il faut “gagner sa vie”.

 

Pourquoi avoir décidé de t’engager dans une démarche de slowpreneuriat et de te dire aujourd’hui slowpreneure ?

Quand j’ai quitté la ville (Nice) pour m’installer dans la campagne lotoise en 2017, en tant qu’experte en gestion de projets digitaux, je travaillais déjà exclusivement avec des entrepreneurs éco-engagés et des coachs holistiques. 

J’ai dabord considéré que je faisais partie de la tribu des Change Makers, mais je ne me reconnaissais pas totalement dans ce terme qui regroupe des acteurs qui utilisent l’innovation technologique pour résoudre les problèmes planétaires.

J’étais déjà impliquée dans le Slow Design, le Slow Tourism et la Slow Life… c’est donc naturellement que je me suis mise à appeler ce que je faisais du “Slowpreneuriat”.

Pour moi le changement passe d’abord par l’humain (et non la tech) et créer des espaces et des systèmes qui libère réellement notre potentiel humain plutôt que de l’entraver. Pour moi le Slow, c’est créer une prise de conscience autour du potentiel d’un mode de vie régénérateur inspiré par la nature. 

As-tu toujours été slowpreneur·e ?

Qu’est-ce que ça t’apporte de plus que si tu pratiquais une forme d’entrepreneuriat plus classique ?

En un sens oui, car j’ai début ma vie d’entrepreneure en 2008 avec du Slow Design.

Je raffine chaque jour mon incarnation de ce que signifie « être slowpreneure » , en expérimentant des manières plus vivantes et régénératrice de travailler et en m’ouvrant à de nouvelles pratiques.

Je cherche à entreprendre depuis un espace de calme, à ralentir mon mental hyperactif (et hyper-solicité par le monde actuel) pour saisir l’intuition de l’instant présent, ce qui me demande un travail sur moi.

Je crois que c’est vital pour ma créativité, ma satisfaction et mon système nerveux.

 

Dans la pratique, ton quotidien de slowpreneur·e, c’est quoi ?

(Nombre d’heures travaillées, organisation, rituels…)

Mon quota horaire est flexible, il dépend d’où je vis. Et n’est pertinent qu’en lien avec mon business model et ma situation familiale du moment (je n’ai pas d’enfant). Donc ce n’est pas dogmatique et a évolué dans mon quotidien depuis 2008.

Quand j’ai accès à un jardin et à un atelier de céramique,  je réduis plus facilement mes journées de travail, en y consacrant 1 à 2 demi-journées/semaine. 

Depuis 15 mois, je vis dans un AirBnB, dans l’attente d’un déménagement et mon temps d’écran et de travail a augmenté. Mais c’est aussi parce que j’ai fait de la place dans mon agenda pour suivre des formations et un accompagnement qui me transforment.

En ce moment j’organise ma journée par bloc de temps, que je pose dans mon agenda Google avec un code couleur, du lundi au vendredi: 

  • 7-8h : 1h de Sacred Time pour mon rituel avant le petit déjeuner (yoga, méditation, communication intuitive, journaling) avec une bonne tasse de cacao cru
  • 8-9h et 13h-14h : 2h de Vitality Time pour le repas petit déjeuner + lunch  (Je ne saute aucun repas, jamais face à l’écran)
  • 9h -11h : 2h de Creative Juice Time : création de contenu, développement personnel et professionnel 
  •  11h-12h et 16h-17h  : 2h de Regenerative Time pour marcher en nature seule ou avec mon compagnon
  • Vers 12h30 et 18h00 : 1h de Social Time pour gérer les réponses aux emails/réseaux sociaux (j’essaye de m’y limiter)
  • 14h-16h et 17h-18h00  : 3h de Income Time consacrés aux projets/RDV clients et aux prospects.
  • 18h30 – 19h30 : 1h00 de Me Time, temps créatif ou d’observation de ma journée.
  • après 19h30,  communication avec ma famille, diner et vie de couple

Cette organisation me permet de ne pas consacrer tout mon temps à mes clients, mais reste souple en fonction de ce que me propose la vie. S’il fait trop chaud (comme en ce moment avec la canicule, je supprime des blocs sans culpabilité).

Pour toi, existe-t-il un lien entre slowpreneuriat et préoccupations écologiques, politiques, sociales… ?

Si oui, penses-tu qu’on puisse être slowpreneur·e et ne pas se préoccuper de l’écologie par exemple ?

Pour moi,  le slowpreneuriat est un workstyle engagé, conscient  et éco-spirituel.

Ce n’est pas une approche réservé à prendre soin de sa cellule familiale (c’est plutôt le mumprenenariat, ça!)

Quand j’ai introduit ce terme en France, c’était dans la suite logique de la pensée de Carlo Petrini, père de la Slow Food. Cette philosophie nous appel à reprendre du plaisir dans le travail, comme dans l’ alimentation, mais aussi à protéger le vivant. Le mouvement Slow Food est très engagé pour la biodiversité.

Je n’aime pas trop le terme de slow entreprise, car j’ai remarqué qu’il est mal accepté par les entrepreneurs masculins (tout comme la décroissance). Je préfère donc parler d’entreprise régénérative, car dans le fond, c’est de ca dont il s’agit : détoxifier nos pratiques de leadership, nos business model et nos marketing façonnés par les dynamiques mécanistes, patriarcales et extractive héritées du 16e/18e siècles.

Avec Slowpreneurs.com, je m’engage pour un slowpreneuriat engagé dans l’économie regénérative. 5% des revenus de l’activité liée à slowpreneurs.com contribuent à alimenter la cagnotte de Coventina, mon projet de régénération des eaux et sols pollués via la technologies de biorémédiation par les Micro-organismes Efficaces (EM®) découverte par le japonais Dr. Teruo Higa.

J’ai souvent lu ou entendu que le slowpreneuriat c’est “travailler moins, mais mieux.”. Qu’en penses-tu ?

Je suis un peu coupable, car j’ai un peu dit ça au début, quand j’ai introduit le terme via mon site Marlie Digital en 2017.

Mon idées était d’inciter mes clients à déléguer un maximum de tâches répétitives et chronophages à leur site internet, pour se concentrer sur la relation client et la créativité.

Je trouve ce raccourci « le slowpeneuriat c’est travailler moins mais mieux »  aujourd’hui très limitatif, car cela amène à confondre le slowpreneuriat et la recherche de la productivité.

La productivité, c’est pour les machines, pas pour l’humain ! Ce que l’on cherche à développer avec le slowpreneuriat, c’est la créativité, la vitalité et la joie.

Slow ne signifie pas (que) ralentir. Slow signifie être, décider et agir avec une conscience systémique :  nous faisons partis d’écosystèmes vivants. Quand le Vivant est attaqué, c’est aussi l’Humanité qui est menacé.

Le slowpreneuriat ce n’est pas travailler moins, c’est entreprendre autrement. En conscience, de manière intégrale et holistique, en assumant sa dynamique yin/yang, son cerveau gauche/droit et en considérant son entreprise comme une entité vivante qui a sa propre énergie et sa propre mission.

C’est un état d’être qui amène plus de fluidité, de synchronicité, d’opportunités et d’épanouissement.

C’est aussi faire autrement, à partir de l’espace du coeur, dans son leadership ou sa communication. Ili s’agit de dé-mentaliser, de donner de  l’espace à l’intuition et à ce qui te fait vibrer, de donne de la joie et ta grande question de vie, au-delà d’un focus sur les stratégies et le marketing.

Aujourd’hui, considères-tu que ton travail est porteur de sens ? Pourquoi ?

Absolument ! Ma mission est de reconnecter les êtres sensibles et engagé·e·s à la planète en utilisant le pouvoir libératif créatif du slowpreneuriat.

Avec mes accompagnements et la communauté que je fédère, j’invite les entrepreneurs à changer notre narratif collectif, renouer avec leur puissance personnelle et à passer au slowpreneuriat pour régénérer la terre et ses habitants.

 

Charlotte Jourdes

Merci à Charlotte Jourdes (en photo ci-contre), pour ses questions, qui m’ont permis de m’exprimer une nouvelle fois sur le slowpreneuriat.

Je lui souhaite une vie professionnelle riche et pleine de sens.

Emilie.

Emilie Grau
Emilie Grau
Fondatrice @les.Slowpreneurs

Facilitatrice d’espaces de transformation individuels et collectifs pour un entrepreneuriat plus serein et plus vivant, je suis à l’initiative du mouvement slowpreneurial en France.

Je suis spécialisée dans l’accompagnement à la transition vers le Slowpreneuriat et l’Entrepreneuriat Régénératif. Je collabore avec les entrepreneurs sensibles, créatifs et atypiques qui souhaitent cultiver leur vitalité, leur joie et leur créativité pour incarner un Business Régénérateur pour eux et la planète.

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