Quand j’ai sondé ma communauté sur cette série de portraits de Slowpreneurs et le contenu qu’elle aimerait que je partage, la question de mon expérience est régulièrement revenue. Alors j’ai décidé d’ouvrir moi-même cette série de portraits, qui est bien sûr vouée à te présenter d’autres slowpreneurs inspirants au gré de mes rencontres.
Slowpreneurs.com est la résultante de toutes mes expériences passées et de mes rencontres actuelles, ce qui justifie de commencer par le commencement.
Qui es-tu Emilie Grau ?
Je suis une slowpreneure française de 40 ans, compagne d’un homme et d’un chat formidables.
Je vis à la campagne depuis 2017 (d’abord dans le Lot et désormais en Provence), après une vie azuréenne citadine (Nice/Menton).
Si tu aimes les profils, je suis Sagittaire ascendant Taureau, INFJ, ennéagramme 1 (Perfectionniste), Pitta/Vatta, de groupe sanguin A+, Singe de Métal et Générateur 2/4 émotionnel.
Je suis aussi hypersensible, créative, passionnée d’illustration jeunesse, de céramique, du pouvoir guérisseur des plantes et de bouquets de fleurs sauvages entre autres choses.
Comment es-tu devenue Slowpreneure?
Je suis multi-entrepreneure depuis 2008.
Je ne suis pas une héritière, issue d’une lignée d’entrepreneurs, mais de fonctionnaires. Mon parcours d’entrepreneure a été chaotique, mais j’ai toujours pu compter sur le soutien moral de ma famille et de mon compagnon, bien qu’aucun d’entre eux n’aient pu m’accompagner stratégiquement.
J’ai pris des chemins de traverse. Je n’ai pas fait de burn out, ni d’enfant.
J’ai juste décidé que ma vie pro serait kiffante et pas soul sucker.
Aujourd’hui, la connaissance de mon Design Humain et de mon hypersensibilité éclaire mon besoin d’une vie pleine de sens.
Et puis la vie m’a testé relativement tôt.
A 23 ans, alors que je venais d’obtenir mon diplôme (MSc. en Marketing et Management à l’EDHEC Business School), j’ai subitement perdu mon unique soeur, Marion, âgée de 19 ans. Cela m’a décidé à ne pas attendre pour réaliser mes rêves.
La multinationale et la mégalopole urbaine, je n’ai pas coché. J’ai choisi de vivre près de la mer et de la montagne (à Menton, dans les Alpes Maritimes) et après quelque 5 années de salariat, je suis devenue artiste, puis entrepreneure.
En 13 ans mon activité a changé plusieurs fois, j’ai créé 6 marques, avec toujours comme fil rouge : la créativité, la slow life et l’écologie.
Utiliser mes mains
Après avoir lancé une marque de jeux et de textile enfantine équitable et eco-conçue en 2010 et connu pas mal de galères avec mon fournisseur, j’ai décidé de pivoter mon activité vers la Gestion de Projet Wev (moins couteux en investissement de départ que la production) et je me suis formée à l’Ecole Multimédia de Paris pendant 1 an. A la sortie, j’ai créé Marlie Digital une activité de conseil en webmarketing, branding et de développement de site internet WordPress.
Très tôt, j’ai ressenti le besoin de compenser le temps d’écran lié à cette nouvelle activité et ma suractivité mentale yang. Je décide de m’offrir deux demi-journée par semaine dans un atelier de céramique et de me former à des techniques holistiques. Entre 2013 et 2015, j’apprends le Yoga du Son, auprès de Patrick Torre, le massage ayurvédique auprès d’Adèle Stefanoni, puis la Géobiologie et le Feng Shui aux côtés de l’Institut Pierre Thirault, pour améliorer mon environnement et mon hygiène électromagnétique.
J’infuse déjà des éléments slow, dans un quotidien de web entrepreneur freelance qui aurait vite pu tourner au burn-out ou à l’électro-sensibilité sans ce rééquilibrage.
Auprès de la nature depuis 2016
En 2016, je décide d’aller une étape plus loin et je m’installe avec mon homme et mon chat dans un micro-hameau perdu dans la campagne lotoise. Un paradis pour expérimenter le slowpreneuriat, revisiter mon agenda, mes priorités, mes manières de communiquer avec les clients (sans mobile, car nous sommes en zone blanche) et l’organisation de mes journées.
Pour faire vivre les bâtiments annexes à notre maison nous rénovons et ouvrons une maison d’hôtes, Black Mama, positionnée sur les séjours digital detox, reconnexion à la nature et slow life.
Sur place, les cycles des saisons et de la lune prennent toute leur importance; j’ai la chance d’être en contact direct avec la nature du matin au soir, ce qui est salvateur pour compenser mon temps d’écran et me donne une raison de limiter mon temps de travail.
Voilà comment je suis devenue slowpreneure. Les pieds sur la terre, la tête dans les écrans et les mains et le coeur au jardin. C’est comme ça que sont nés les rituels de lune et les rituels de la Roue de l’Année que je propose sur slowpreneurs.com. C’est aussi une manière de remettre un peu de créativité dans mon travail, mais avec des produits digitaux cette fois!
Aujourd’hui, après 4 ans de vie au rythme du slowpreneuriat, dans une campagne lotoise, nous venons de revendre notre micro-hameau et sommes désormais à la recherche d’un nouveau lieu de vie slow, peut être en Italie, le pays de la slow food.
En quoi consistent tes activités aujourd’hui et quel est ton rêve pour le monde?
Avec Slowpreneurs.com, j’accompagne les hommes et les femmes qui ont une activité d’aide (coachs, consultants, créatifs, thérapeutes) à (re)bâtir les fondements d’un business durable et responsable, qui leur donne du temps, de l’impact et de l’argent, sans se cramer les ailes.
J’accompagne aussi ceux qui exercent depuis quelques années, mais qui souhaitent pivoter vers le slowpreneuriat et le Leadership Régénératif après un burnout, un cancer, un divorce ou parce qu’ils sont hypersensibles ou neuro-atypiques, comme moi.
Mon rêve pour le monde, c’est la fin de l’entrepreneuriat conventionnel, du paradigme de la prédation et du manque, qui favorisent la compétition, l’épuisement des Hommes et des ressources naturelles. Et la généralisation d’un entrepreneuriat régénératif et régénérateur, engagé, porteur de joie et accessible à tous sans croyances limitantes.
Qui veux-tu impacter et pourquoi?
Je souhaite impacter les entrepreneurs lucides, engagés et généreux. Ceux qui souhaitent prendre part au nouveau paradigme de l’entreprise contributive et du leadership régénératif, ce sont :
- Des dirigeants de TPE intéressés par une démarche régénérative qui souhaitent rejoindre une communauté de like-minded people, portés par les synergies et l’humanité, pour entrer dans un vortex d’échange, de partage, d’écoute, d’entraide, de coopération.
Des (solo) entrepreneurs engagés dans la transition écologique et citoyenne qui souhaitent détoxifier leurs pratiques business et passer au paradigme de la régénération, parce que la RSE les a menés au burn out et à l’éco-anxiété
Des coachs, consultants et freelance hypersensibles qui ne se retrouvent pas dans l’entrepreneuriat mécanique classique et qui souhaitent poser les bases d’un entrepreneuriat holistique, conscient et serein.
D’expérience ceux que j’attire sont :
- surmenés et stressés par les injonctions du modèle capitaliste mécanique qui détruit la nature et les Hommes
- séduits par l’intelligence collective, que je mobilise dans mes espaces d’accompagnements et de networking pour créer de la valeur pour tous
- à la recherche de satisfaction, de simplicité, de cohérence et de de joie : le succès n’est pas qu’une histoire de C.A.
Pour toi le slowpreneuriat c’est … ?
Pour moi le Slowpreneuriat c’est entreprendre autrement, en mixant minimalisme et écologie (intérieure et environnementale) pour vivre sa vie de rêve, sans cramer ni ses ailes ni la planète.
C’est une voie entrepreneuriale holistique, celle de l’entreprise régenérative. Il prend appuis sur un modèle d’affaire aligné et contributif, qui favorise le bien-être et une prospérité collective.
Le Slowpreneuriat est un acte d’amour. Un élan collectif.
C’est du care et de l’impact positif. Pour moi, pour toi, pour eux, pour les Terriens
Le Slowpreneuriat, c’est un acte de leadership puissant.
C’est décider de remettre en question ta vision du monde.
La raison d’être de ton business. Ton business model.
Le Slowpreneuriat, c’est une belle aventure. Un cheminement.
Qu’il est plus facile de faire accompagné·e. Avec des allié·e·s. Des pairs, c’est pour ca que je propose le réseau Mycélium et des accompagnements collectifs.
Quelle routine/habitude as-tu mise en place?
- J’ai essayé le Miracle Morning, ce n’est pas mon truc, je suis plus rituels que routine. Alors je me lève vers 8h du matin, après avoir lu un livre inspirant pendant 30 mn et je prends un bon petit déjeuner avec mon compagnon. Je ne consulte mes emails qu’après ça.
- Mon téléphone mobile est sur avion toute la journée et j’utilise une connexion internet filaire pour éviter les interruptions intempestives ainsi que la fatigue liée aux pollutions électromagnétiques
- Je sors marcher en nature au moins 30 mn chaque jour vers 16h, même s’il pleut.
- Je fais partie d’un groupe de coaching collectif hebdomadaire depuis 5 ans et j’ai une partenaire d’évolution avec qui j’échange régulièrement, ce qui me permet de continuer à travailler sur l’évolution de mon business.
- Je pratique la méditation au moins 2 fois par semaine (j’aimerais te dire que je fais du yoga tous les jours, mais ma volonté n’est pas fiable sur le sujet)
- Je continue à me forme régulièrement (en 2022 au Leadership Régénératif, en 2023 au Design Humain) pour enrichir ma vision et ma palette d’outils holistique
- Je fais partie de plusieurs collectifs et/ou réseaux que je trouve plus pertinent que les réseaux sociaux.
Quelles difficultés et quelles joies as-tu rencontrées en te lançant dans l’entrepreneuriat?
- J’ai commencé dans l’entrepreneuriat par une activité qui nécessitait d’abord d’investir dans la production (filière équitable) et j’y ai cramé toutes mes économies. Par sagesse, j’ai pivoté vers un model de service, mais j’y ai perdu en espace de créativité et de jeu.
- Les techniques de marketing traditionnelles pas du tout adaptées à ma vision du monde, j’ai donc eu beaucoup de résistances par rapports à ce qui m’était transmis dans des enseignements et coachings anglo-saxons et j’ai dû tester ma propre approche, ce qui est plus long qu’utiliser des recettes toutes faites.
- Les joies les plus grandes sont liées à la liberté de temps et d’espace que m’offre cette vie de slowpreneur.e Je peux travailler de chez moi, avec vue sur la nature et je choisis le sens que je donne à mes affaires.
- Je suis très fière d’être à l’origine de la communauté Les Slowpreneurs, et de participer à la diffusion de la notion de slowpreneuriat depuis 2017.
Y a-t-il des choses que tu ne referais pas de la même façon?
Toute expérience est bonne à prendre et je me suis bien amusée, malgré l’échec financier de mes tous premiers projets. Ils m’ont fait grandir ! Avec le recul je ris même de certaines situations.
Je sortirai de mon isolement plus tôt en co-créant des offres afin de profiter des synergies.
Quelles conseils donnerais-tu à quelqu’un qui souhaite passer en mode slowpreneur?
- Travailler ton alignement avant ton positionnement, i.e ne pas se laisser influencer par ce que font les autres ou par ce qui pourrait manquer sur le marché pour monter ton entreprise. Une des grandes sagesses du slowpreneuriat est de s’appuyer sur nos ressources (temps, argent, talent) pour développer une activité qui fonctionne avec ta zone de génie et ton profil énergétique.
- Travailler tes fondations et tes choix stratégiques (sa vision, son business model, niche) avant de créer ton site web, pour avoir un message clair et trouver ta place unique et collaborer avec tes concurrents au sein d’un éco-système
- Déléguer ce qui est hors de ta zone de génie et/ou les tâches non récurrentes (créer ton site internet, tes contrats) et te former sur les tâches qui renouvelables (créer du contenu pour ton blog…) afin de consacrer ton énergie aux bons endroits
- S’appuyer sur l’expérience d’un coach ou d’un mentor pour ne pas t’épuiser inutilement à tout tester et tout réinventer.
- Poser un CEO day par semaine, sans RDV ni projet client pour travailler sur ton businesss.